Par Yaël Ossowski | L’AGEFI (PDF disponsible ici)
Si les consommateurs attendaient des indicateurs économiques positifs, ils pourront en trouver un dans la légalisation d’une monnaie alternative dans le pays le plus puissant d’Europe. Dans une décision sans précédent, le Ministère des finances allemand a en effet déclaré que Bitcoin n’est pas qu’une unité comptable acceptable, mais également classifié comme de la monnaie «privée». Cela donne à Bitcoin sa première reconnaissance officielle par un Etat.
La déclaration a été faite suite à une interpellation du membre du Parlement Frank Schäffler, qui siégeait à la commission parlementaire des finances. Selon lui, la concurrence dans la production de monnaie, dans le prolongement de l’idée de Friedrich Hayek de dénationaliser ou désétatiser la monnaie, s’impose aujourd’hui. Bitcoin peut en être une première étape.
Pour les jeunes qui font face à d’importants défis en Europe et ailleurs dans le monde, c’est un changement bienvenu et plutôt nécessaire. Bitcoin, la monnaie digitale décentralisée, protégée avec les méthodes de protections cryptographiques les plus avancées, sert d’alternative au système monétaire actuel. Elle est utilisée par de jeunes entrepreneurs de la génération numérique depuis sa création en 2009. Ces derniers mois, le prix d’un seul Bitcoin a augmenté de 30% à un niveau de 98 euros. La monnaie a atteint son plus haut niveau pendant la crise bancaire à Chypre, surtout parce qu’elle représentait une alternative immédiate pour les consommateurs fragilisés. Ce qui donne à Bitcoin son attrait pour les jeunes, c’est son autonomie du pouvoir centralisé du
gouvernement. Au lieu d’être imprimée par une banque centrale, la monnaie est produite par des milliers d’ordinateurs qui résolvent un algorithme très complexe. Le Bitcoin s’appuie sur le crowdsourcing et le codage de source pour garder les transactions actives et protégées du piratage.
Plus Bitcoin se répand, plus cela devient difficile d’en créer, une mesure de sécurité qui évitera l’inflation, car la limite de circulation est fixée à 21 millions d’unités. Or, Bitcoin n’est pas qu’une monnaie hors du contrôle de l’Etat: le fait qu’elle soit digitale et codée assure qu’elle reste sur internet, facilitant des échanges instantanés qui coûtent une fraction des frais de cartes de crédit. Les consommateurs peuvent faire leurs transactions avec des applications de téléphone ou même en échangeant leurs adresses Bitcoin. Ce mode de commerce supprime les intermédiaires comme les compagnies de cartes de crédit ou les banques.
A Berlin, qui a la plus haute concentration de transactions en Bitcoin au monde, la monnaie est devenue populaire dans les bars, restaurants, imprimeries et même une boutique haut de gamme. L’existence de cette crypto-monnaie offre aux jeunes une vraie alternative monétaire à la monnaie nationale criblée de dettes publiques et dont les taux d’intérêts sont manipulés arbitrairement.
C’est un bon signe en Allemagne, qui a connu une inflation très destructive au siècle dernier, détruisant la valeur de la monnaie et invitant l’émergence d’un mouvement politique dévastateur. En outre, les taux d’intérêt maintenus par les banques centrales n’offrent aucune motivation pour que les jeunes épargnent leur argent. Plutôt, ils sont
encouragés à dépenser le plus possible pour soutenir l’économie.
Etant donné que les jeunes sont très entreprenants et réalisent la
majorité de leur communication sur internet, l’utilisation d’une monnaie digitale pourra facilement se réaliser.
Quoi de mieux pour la prochaine génération d’avoir un système
qui encourage les choix, qui récompense l’innovation et qui stimule un vrai respect pour le travail? Sur un continent européen qui cherche à imposer des plans de sauvetage successifs à un Etat surendetté, la légalisation de Bitcoin par le Ministère des finances de l’Allemagne peut être un moment charnière pour les jeunes qui désirent contrôler leur
propre destin. Comme futurs contribuables, ils paieront les conséquences des dépenses étatiques inconsidérées d’aujourd’hui.
D’où la nécessité d’une vraie chance avec une monnaie alternative.
Cet article a été publié sur L’AGEFI