L’Oligopole Mobile Canadien

Le ‘Grand 3’ s’attire le soutien des syndicats pour garder des forfaits plus élevés

Par Yaël Ossowski | PanAm Post

Le drame canadien de l’été a vu sa fin.

L’effort de l’oligopole mobile pour restreindre la compétition et maintenir des forfaits plus chers a réussi.

Pour ceux qui ont manqué le récit, ça commence avec les rumeurs de l’arrivée de Verizon Wireless dans le marché canadien de téléphones sans-fil. Le gouvernement fédéral, dans son rôle comme commissaire-priseur, a offert des droits aux enchères du spectre au plus offrant.

Naturellement, cela a suscité la panique pour le ‘Grand 3′, l’ensemble des plus grandes entreprises de télécommunications—Bell, Rogers et Telus, qui contrôlent 92 percent du marché mobile au Canada. Plutôt qu’autoriser un nouveau compétiteur, ils ont formé un cartel et financé une grande campagne de publicité pour convaincre les Canadiens que c’était une mauvaise nouvelle.

Leur angle ?

Une grande corporation étrangère voulait envahir le Canada et voler vos emplois, espionner vos données et arracher les tours de téléphonie cellulaire en laissant votre grand-mère sans accès téléphonique.

« Cette politique pourrait compromettre la facilité qu’ont les Canadiens à communiquer ensemble, menacer les emplois locaux, et soulève plusieurs inquiétudes quant à notre droit à la vie privée et à la sécurité », raconte le site-web de la campagne Soyons Équitables, rempli de sondages et éditoriaux en faveur de laisser Verizon à la porte et garder le statu quo.

Oublions le fait que les Canadiens ont les forfaits cellulaires les plus chers au monde,selon le New America Foundation, ainsi que le fait que 41 pourcent des Canadiens disent que le prix est le facteur le plus important pour leur service de téléphonie mobile. C’est le jugement final du sondage ordonné par le ‘Grand 3′, dans lequel 81 pourcent des Canadiens disent qu’ils ne veulent pas de « règles spéciales » pour les compagnies de télécommunications, qu’elles soient étrangère ou domestique—l’argument principale du cartel téléphonique.

Le moment le plus marquant de la campagne publicitaire est venu avec l’entrée des plus grands syndicats canadiens.

TorontoUnionProtest

Le Syndicat des travailleurs en télécommunications, accompagné par le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier, les Travailleurs Canadiens de l’Automobile et le Syndicat des Métallos ont organisé une manifestation devant le siège d’Industrie Canada à Toronto. Eux non plus ne voulaient pas donner le feu vert à Verizon pour enter au Canada et offrir des meilleurs prix pour les utilisateurs des mobiles.

Cette manifestation a opposé les quelques milliers de syndiqués contre les presque 35 millions Canadiens qui auraient pu bénéficier d’un plus haut niveau de compétition dans le marché mobile. Quant au gouvernement Harper, c’est une bataille qu’il lutte depuis le début de leur mandat.

« Les Canadiens veulent plus de compétition, des prix plus bas, un meilleur service dans ce domaine », a proclamé le premier ministre Stephen Harper au cours d’un point de presse au mois d’août. « Notre gouvernement a constamment et clairement suivi une politique favorisant plus de compétition dans l’industrie dans l’intérêt des consommateurs canadiens depuis plusieurs années. »

Au moins dans ce scénario, le gouvernement a pris le bon chemin : encourager de la compétition et faire diminuer les monopoles avec une libéralisation du marché qui invite les plus de joueurs possibles. Mais ce n’était pas assez.

Dans une intervention avec Bloomberg News la semaine passée, Lowell McAdam, le directeur général de Verizon, a avoué la dure vérité : « Verizon n’ira pas au Canada ». Les cours des actions du ‘Grand 3′ ont augmenté immédiatement. Ils ont gagné.

Malheureusement, dans ce cas-ci, les Canadiens se sont fait avoir par l’oligopole et ses amis syndicaux. Des corporations valorisées à des milliards de dollars ont convaincu les travailleurs en cols bleu de manifester contre des forfaits moins chers.

Une campagne de rhétorique nationaliste et protectionniste a réussie. Big Business et Big Labor ont conspiré contre le consommateur canadien pour garder les prix hauts et empêcher une saine concurrence.

Cet article a été publié sur PanAm Post.

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