Oui, j’élève ma fille en français

Oui, j’élève ma fille en français.

Elle n’a pas pu visiter ma province natale, mais c’est quelque chose que je vise à changer dès que possible. Elle saura ce qu’il signifie le fait d’être québécoise.

Même si je suis moi-même encore un étranger dans un autre pays qui ne parle pas ma langue (l’immigré à perpétuité), j’inculque en elle l’esprit québécois que ma mère m’a inspiré lors de notre déménagement en Caroline du Nord et les années qui suivaient : la survie, l’amour, la soif d’indépendance.

Je l’ai toujours su que ma mère ait tout sacrifié pour ses enfants. Mais après huit ans en Autriche, un lieu très agréable et rêveur dans tous les sens, le sentiment qu’elle aurait senti quotidiennement a commencé à se manifester.

J’ai dû quitter le pays que je connaissais et aimais, les amis qui m’entouraient et l’avenir qui m’était promis. Et je ne regrette rien. La joie et le bonheur m’encerclent.

Je sais bien que ma fille n’aura pas dans son père le meilleur prof d’orthographe ni de langue parlée. Je me trompe quant aux traditions et explications plus larges sur la vie. Je sais que, en plusieurs domaines, je vais avoir tort. Et pourquoi pas ? Je suis un québécois qui a grandi aux states, une tranche anglophone et une tranche francophone et aujourd’hui je me trouve comme expatrié à Vienne. J’ai en moi plus de questions que j’en aurai de réponses.

Je n’en connais rien de l’obéissance à l’état, à dieu, ou l’espèce humaine.

Tout je sais et à ce que je peux me fier c’est l’amour. Pour ma patrie, ma famille et ma façon de vivre.

Ça commence bien pour toi, ma belle A.